Pelléas et Mélisand
Opéra en cinq actes

Libretto de Maurice Maeterlinck


Musique de Claude Debussy



CAST:

Pelléas, Tenor or high baritone
Mélisand, Soprano
Golaud, Baritone
Arkel , Bass
Yniold, Soprano
Geneviève, Mezzo-soprano
Le Berger, Bass
Un Médecin, Bass
Servantes
Women's chorus

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Scène 1
Une Forêt



(Le rideau ouvert on douvre Mélisande au bond d'une fontaine.
Entre Golaud.)

GOLAUD
Je ne pourrai plus sortir de cette forêt!
Dieu sait jusqu'où cette bête m'a mené.
Je croyais cependant l'avoir blessée à mort; et voici dans traces de sang.
Mais maintenant, je l'ai perdue de vue, je crois que je me suis perdu moi-même,
et mes chiens ne me retrouvent plus.
Je vais revenir sur mes pas.
J'entends pleurer…
Oh! Oh! qu'y a-t-il là au bord de l'eau?
Une petite fille qui pleure au bord de l'eau?
(Il tousse.)
Elle ne m'entend pas,
Je ne vois pas son visage.
(Il s'approche et touche Mélisande à l'aule.)
Pourquoi pleures-tu?
(Mélisande tressaille, se dresse et veut fuir.
N'ayez pas peur vous n'avez rien à craindre.
Pourquoi pleurez-vous, ici, toute seule?

MÉLISANDE
(presque sans voix)
Ne me touchez pas! ne me touchez pas!

GOLAUD
N'ayez pas peur…
Je ne vous ferai pas…
Oh! vous êtes belle.

MÉLISANDE
Ne me touchez pas! ne me touchez pas, ou je me jette à l'eau!

GOLAUD
Je ne vous touche pas…
(doux et calme)
Voyez, je resterai ici, contre l'arbre.
N'ayez pas peur.
Quelqu'un vous a-t-il fait du mal?

MÉLISANDE
Oh! oui! oui! oui!
(Elle sanglote profondément.)

GOLAUD
Qui est-ce qui vous a fait du mal?

MÉLISANDE
Tous! tous!

GOLAUD
Quell mal vous a-t-on fait?

MÉLISANDE
Je ne veux pas le dire! je ne peux pas le dire!

GOLAUD
Voyons, ne pleurez pas ainsi.
D'où venez-vous?

MÉLISANDE
Je me suis enfuie! enfuie…enfuie…

GOLAUD
Oui, mais d'où vous êtes-vous enfuie?

MÉLISANDE
Je suis perdue! perdue!
Oh! oh! perdue ici…
Je ne suis pas d'ici…
Je ne suis pas née là…

GOLAUD
D'où êtes vous?
Où êtes-vous née?

MÉLISANDE
Oh! oh! loin d'ici…loin…loin…

GOLAUD
Qu'est-ce qui brille ainsi au fond de l'eau?

MÉLISANDE
Où donc? Ah!
C'est la couronne qu'il m'a donnée.
Elle est tombée en pleurant.

GOLAUD
Une coouronne?
Qui est-ce qui vous a donné une couronne?
Je vais essayer de la prendre…

MÉLISANDE
Non, non, je n'en veux plus! je n'en veux plus
Je préfère mourir…mourir tout de suite!

GOLAUD
Je pourrais la retirer facilement;
L'eau n'est pas très profonde.

MÉLISANDE
Je n'en veux plus!
Si vous la retirez, je me jette à sa place!

GOLAUD
Non, non; je la laisserai là;
On pourrait la prendre sans peine cependant.
Elle semble trèds belle.
Y a-t-il longtemps que vous avez fui?

MÉLISANDE
Oui, oui,
Que êtes-vous?

GOLAUD
Je suis le prince Golaud le petit fils d'Arkel le vieux roi d'Allemonde…

MÉLISANDE
Oh! vous avez déjà les cheveux gris!

GOLAUD
Oui; quelques-uns, ici, près des tempes…

MÉLISANDE
Et la barge aussi…
Pourquoi me regardez-vous ainsi?

GOLAUD
Je regarde vos yeux.
Vous ne fermez jamais les yeux?

MÉLISANDE
Si, si je les ferme la nuit…

GOLAUD
Pourquoi avez-vous l'air si étonnée?

MÉLISANDE
Vous êtes un géant!

GOLAUD
Je suis un homme comme les autres…

MÉLISANDE
Pourquoi êtes-vous venu ici?

GOLAUD
Je n'en sais rien moi-même.
Je chassais dans la forêt.
Je poursuivais un sanglier,
Je me suis trompé de chemin.
Vous avez l'air très jeune.
Quel âge avez-vous?

MÉLISANDE
Je commence à avoir froid…

GOLAUD
Voulez-vous venir avec moi?

MÉLISANDE
Non, non, je reste ici.

GOLAUD
Vous ne pouvez pas rester ici toute seule,
Vous ne pouvez pas rester ici toute la nuit…
Comment vous nommez-vous?

MÉLISANDE
Mélisande.

GOLAUD
Vous ne pouvez pas rester ici, Mélisande.
Venez avec moi…

MÉLISANDE
Je reste ici

GOLAUD
Vous aurez peur, toute seule,
On ne sait pas ce qu'il y a ici…toute la nuit…
toute seule…ce n'est pas possible,
(avec une grande deuceur)
Mélisande, venez, donnez la main…

MÉLISANDE
Oh! ne me touchez pas!

GOLAUD
Ne criez pas…
Je ne vous toucherai plus
Mais venez avec moi.
La nuit sera très moire et très froide.
Venez avec moi…

MÉLISANDE
Où allez-vous?

GOLAUD
Je ne sais pas…
Je suis perdu aussi…
(Ils sortent.)

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Scène 2


Un appartement dans le château.
Arkel et Geneviève

GENEIÈVE
Voici ce qu'il écrit à son frère Pelléas:
(simplement et modéré)
"Un soir, je l'ai trouvée tout en pleurs au bord d'une fontaine,
dans la forêt où je m'étais perdu.
Je ne sais ni son âge, ni qui elle est, ni d'où elle vient
et je n'ose pas l'interroger, car elle doit avoir eu une grande épouvante,
et quand on lui demande ce qui lui est arrivée,
elle pleure tout à coup comme un enfant, et sanglote
(d'une voix étouffée)
si profondément qu'on a peur.
Il u a maintenant six mois que je l'ai épousée
et je n'en sais pas plus que le jour de notre rencontre,
En attendant, mon cher Pelléas, toi que j'aime plus qu'un frère,
bien que nous ne soyons pas nés de même père,
en attendant, prépare mon retour…
(avec une émotion contenue)
Je sais que ma mère ma pardonnera volontiers.
Mais l'ai peur d'Arkel, malgré toute sa bonté.
S'il consent néanmoins à l'accueillir, comme il accueillerait sa propre fille,
le troisième suivra cette lettre,
allume une lampe au sommet de la tour qui regarde la mer.
Je l'apercevrai du pont de notre navire,
si non j'irai plus loin et ne reviendrai plus…"
Qu'en dites-vous?

ARKEL
Je n'en dis rien.
Cela peut nous paraître étrange,
parce que nous ne voyons jamais que l'envers des destinées,
l'envers même de la nôtre…
Il avait toujours suivi mes conseils jusqu'ici,
j'avais cru le rendre heureux en l'envoyant
demander la main de la princess Ursule…
Il ne pouvait pas rester seul,
et depuis la mort de sa femme il était triste d'être seul;
et se mariage allait mettre fin à de longues guerres, à de vieilles haines…
Il ne l'a pas voulu ainsi.
(avec une émotion grave)
Qu'il en soit comme it a voulu:
je ne me suis jamais mis en travers d'une destinée;
il sait mieux que moi son avenir.
Il n'arrive peut être pas d'événements inutiles.

GENEVIÈVE
Il a toujours été si prudent, si grave et si ferme…
Depuis la mort de sa femme il ne vivait plus
que pour son fils, le petit Yniold.
Il a tout oublié…
Qu'allons-nous faire?
(Entre Pelléas.)

ARKEL
Qui est-ce qui entre là?

GENEVIÈVE
C'est Pelléas.
Il a pleuré.

ARKEL
Est-ce toi, Pelléas?
Viens un peu plus près que je te voie dans la lumière.

PELLÉAS
Grand-père, j'ai reçu en même temps

que la lettre de mon frère une autre lettre;
Une lettre de mon ami Marcellus…
Il va mourir et il m'appelle…
Il dit qu'il sait exactement le jour où la more doit venir…
Il me dit que je puis arriver avant elle si je veux,
mais qu'il n'y a pas de temps à perdre.

ARKEL
Il faudrait attendre quelque temps cependant,
Nous ne savons pas ce que le retour de ton frère nous prépare
Et d'ailleurs ton père n'est il pas ici, au-dessus de nous,
plus malade peut-être que ton ami…
Pourras-tu choisir entre le père et l'ami?…
(Il sort.)

GENEVIÈVE
Aie soin d'allumer la lampe dès ce soir Pelléas.
(Ils sortent séparément.)

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Scène 3

Devant le château

(Entrent Geneviève et Mélisande.)


MÉLISANDE
Il fait sombre dans les jardins.
Et quelles forêts, quelles forêts tout autour des palais!

GENEVIÈVE
Oui; cela m'étonnait ainsi quand je suis arrivée ici,
et cela étonne tout le monde.
Il y a des endroits où l'on ne voit jamais le soleil.
Mais l'on s'y fait si vite…
Il y a longtemps, il y a longtemps…
Il y a presque quarante ans que je vis ici
Regardez de l'autre côté, vous aurez la chlarté de la mer.

MÉLISANDE
J'entends du bruit au des suos de nous…

GENEVIÈVE
Oui; c'est quelqu'un qui monte vers nous…
Ah! c'est Pelléas…
Il semble encore fatigué de vous avoir attendue si longtemps…

MÉLISANDE
Il ne nous a pas vues.

GENEVIÈVE
Je crois qu'il nous a vues, mais il ne sait ce qu'il doit faire.
Pelléas, Pelléas, est-ce toi?

PELLÉAS
Oui! je venais du côté de la mer…

GENEVIÈVE
Nous aussi, nous cherchions la clarté.
Ici il fait un peu plus claire qu'ailleurs, et cependant la mer est sombre.

PELLÉAS
Nous aurons une tempête cette nuit;
il y en a toutes les nuits depuis quelque temps
et cependant elle est si calme maintenant!
On s'embarque sans le savoir et l'on reviendrait plus.

VOIX DERRIÈRE LA COULISSE
Hoé! hisse hoé!
Hoé!

MÉLISANDE
Quelque chose sort du port…

PELLÉAS
Il faut que ce soit un grand navire…
Les lumières sont trèss hautes,
nous le verrons tout à l'heure quand il entrera dans la band de clarté.

VOIX DERRIÈRE LA COULISSE
Hoé! hisse hoé!
Hoé!

GENEVIÈVE
Je ne sais si nous pourrons le voir…il y a encore une brume sur la mer.

PELLÉAS
On dirait que la brume s'élève lentement…

MÉLISANDE
Oui, j'aperçois là-bas une petite lumière que je n'avais pas vue…

PELLÉAS
C'est une phare; il y en a d;autres que nous ne voyons pas encore.

MÉLISANDE
Le navire est dans la lumière…il est déjà bienloin.

PELLÉAS
Il s'éloigne à toutes voiles…

MÉLISANDE
C'est la navire qui m'a menée ici.
Il a de grandes voilles…
Je le reconnais à ses voiles…

VOIX DERRIÈRE LA COULISSE
Hisse hoé!
Hoé!

PELLÉAS
Il aura mauvaise mer cette nuit…

VOIX DERRIÈRE LA COULISSE
Hisse hoé!

MÉLISANDE
Pourquoi s'en va-t-il cette nuit?
On ne le voit presque plus.
Il fera peut être naufrage!

PELLÉAS
La nuit tombe très vite…

VOIX DERRIÈRE LA COULISSE
(à bouche fermée encore plus loin)

GENEVIÈVE
Il est temps de rentrer.
Pelléas montre la route à Mélsiande.
Il faut que j'aille voir, un instant le petit Yniold.
(Elle sort.)

PELLÉAS
On ne voit plus rien sur la mer…

MÉLISANDE
Je vois d'autres lumières.

PELLÉAS
Ce sont les autres phares.
Entendez-vous la mer?
C'est le vent qui s'élève…
Descendons par ici.
Voulez-vous me donner la main?

MÉLISANDE
Voyez, voyez j'ai les mains pleines de fleurs.

PELLÉAS
Je vous soutiendrai par le bras, le chemin est escarpé et il u fait très sombre.
Je pars peut-être demain.

MÉLISANDE
Oh!…pourquoi partez-vous?



(Ils sortent.)

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